100 heures dans un Tipi – Septembre 2024 Après des années à passer les étés dans les bois, à dormir à la belle étoile, à vivre à l’indienne et à se baigner dans la nature… Nous avons passé le cap en installant un tipi à la manière des Indiens Assiniboines d’Amérique du Nord. Les perches sont taillées dans des jeunes épicéas et la toile dans un tatami de Judo. Le tout est installé dans les bois, sur les pentes de Môle ! Voilà le décor planté ! Nous y séjournons régulièrement, observons la nature environnante, écoutons les bruits de la nuit, mangeons sur le feu et découvrons les espaces alentours. C’est à la fois magique et authentique, surtout quand on y invite une petite libellule qui découvre les joies de la forêt. L’idée est aussi de prendre son temps, de méditer, de regarder le temps passer, de bricoler, de lire, d’écrire, de réfléchir sur le temps qui passe et l’espace dont on dispose ! C’est tout une philosophie qui s’offre à nous. Les Indiens savaient et comprenaient cette mère nature si utile mais aussi si fragile. On y séjourne avec les ânes qui nous tiennent compagnie et qui nous portent le matériel. On prépare les aménagements autour du site, on déboise un peu, on prépare du bois pour le feu et pour le poêle (Il y en a un dans le tipi !), on taille de nouvelles perches. Nous avons regroupé toutes nos expériences et notre vécu dans un recueil intitulé “Tawak” qui explique et illustre les idées et la manière de penser et de vivre des indiens des plaines de l’Amérique. Ces populations avaient une manière particulière d’appréhender le milieu dans lequel ils évoluaient. Quand les européens sont arrivés, ce fut un choc culturel, social, écologique, économique et religieux ! Une véritable catastrophe humanitaire (on admet aujourd’hui le terme de génocide) qui a engendré de profondes modifications des territoires. Nous en profitons pour étudier et comprendre, par le biais de ce difficile contact, les différences abyssales qui ont nuit aux relations entre les européens et les Indiens. Aujourd’hui, les études et les recherches permettent de mieux expliquer la manière de vivre des tribus et les interactions qui les animaient. Ils ne connaissaient ni le cheval (introduit par les blancs), ni la roue mais maitrisaient parfaitement les bienfaits des plantes, le climat, la rivière, les animaux, les saisons et l’ensemble des systèmes écologiques. En toute modestie, nous tentons de nous rapprocher de cet esprit et de cette philosophie. Ainsi, passer 100 heures sous un tipi permet de sentir ce qu’il représente, non seulement comme habitat transportable mais aussi de s’intéresser à toute l’histoire et au vécu des hommes et des femmes qui l’utilisaient. Si vous passez par-là, profitez-en et faites une pause, une vraie !
100 heures à Ouagadougou – Février 2024 La chaleur, la poussière, le bruit, la pollution… On ne pourrait retenir que ça d’un séjour à la capitale du Burkina Faso ! Mais ce serait oublier l’essentiel. En effet, même si l’ambiance peut paraitre un peu originale et surpeuplée, la vie à Ouagadougou peut être délicieuse pour plusieurs raisons. Dans un premier temps, c’est l’accueil et la chaleur des Ouagalais qui est agréable. On échange facilement, on discute et on raconte des histoires qui facilitent les contacts. Il y a peu de blancs là-bas alors on s’intéresse aux étrangers qui viennent, même s’ils ne sont plus très nombreux depuis les évènements ! Dans un second temps, c’est la suractivité et le rythme, la circulation, la surpopulation qui impressionne ! des vélos, des motos, des piétons, des voitures, des taxis, des camions, des autocars se croisent, se doublent dans une sorte de capharnaüm étonnant. Il est donc presque indispensable de faire régulièrement une pause dans un des nombreux maquis pour siroter une Brakina ou déguster un riz sauce gombo. Enfin, c’est la multitude des différences qui s’affiche. Les énormes 4x4 qui frôlent de pauvres gens en vélos sans freins, des mosquées qui voisinent un temple ou une église, des villas climatisées à côté de simples cabanes en taules… Tout est impressionnant, tout pose question ! Mes séjours au Burkina se succèdent depuis presque 30 ans mais c’était la première fois que je restais une semaine complète à Ouagadougou. J’en ai profité pour passer du temps avec mes amis, jouer de la musique, rencontrer de nouveaux partenaires, visiter les microentreprises que nous soutenons, préparer et étudier de nouveaux projets. Ces moments sont riches et chargés d’émotions. On revient souvent du Burkina avec plus de questions que de réponses que nous étions venus chercher. C’est un livre de géographie et d’histoire ouvert sur le monde qui s’offre à nous en visitant ce genre de pays encore en développement. Passer du temps dans une école, dans un dispensaire, sur un marché… sont autant d’expériences fortes et inoubliables. L’association que je représente œuvre depuis des décennies pour soutenir des communautés scolaires et villageoises du Burkina Faso et monter des projets de développement dans les écoles, les dispensaires, les villages… C’est loin de la ville, dans la brousse que l’on découvre la vie de la plupart des africains du monde rural. C’est une dépendance totale au climat, à la pluie, à la sécheresse qui influencent la qualité des récoltes et de la vie. On ressent beaucoup moins ces caprices en villes et on se déconnecte de l’ambiance et du rythme quotidien des burkinabè. Vivre à Ouagadougou est difficile mais ces exigences sont régulièrement masquées par la joie de vivre et la capacité à encaisser les coups qu’ont les burkinabè. Cela impose le respect et l’admiration quand on compare leur quotidien au nôtre !
100 heures sur la route d’Istanbul en Vélo – Octobre 2023 Km 1850 - Istanbul.... Après avoir traversé 12 pays et gravi 18000m de dénivelé ! Quelle émotion, quelle sensation quand nous sommes entrés dans cette mastodonte de ville. Les yeux humides au milieu d'un trafic incroyable. Les autobus, les taxis et les bagnoles qui nous frôlent mais là, sur notre nuage, on est immortels. Les jours précédents au bord de la mer étaient compliqués avec le vent et les détours pour trouver une route secondaire. Heureusement, la mer est rassurante et reposante, encore chaude pour la saison. Ce voyage me pénètre de partout, sous le signe indiscutable du PARADOXE ! Les paysans bulgares traversent des autoroutes, les mendiants kosovars évitent les Audi A5, les zones touristiques du Monténégro alternent avec les plateaux reculés en montagne, la couleur bleue turquoise de la mer en Croatie contraste avec les rivières stagnantes et polluées de Macédoine, la frontière ouverte de l'Italie détonne par rapport au contrôle stricte pour entrer en Turquie, les chevaux des roms qui tirent des carioles hors d'âge frôlent les 40 tonnes chargés comme des paquebots, les petites routes non goudronnées succèdent aux 4 voies, le Balavo cool qui prend son temps aux côtés du Gilou speed et hyperactif, la noirceur de nos mollets face à la blancheur de nos cuisses... La longueur du périple qui est passé comme une flèche.... Que tirons nous de tout ça, que restera-t-il de cette énorme aventure ? Des certitudes : le monde est vaste et contrasté, une amitié indéfectible avec un gars d'une profondeur incroyable, la confirmation qu'on est fragile loin de sa famille, l'effort intense et régulier pousse à la méditation, Istanbul, c'est vraiment loin ! On a vécu un rêve bien éveillé, rempli de rencontres et de merveilles, de routes et de chemins caillouteux, de villes et de paysages, de haut et de bas, de montagnes et de campagnes... Depuis Sèchemouille jusqu'à Istanbul, les 1850 km, les 2 transferts en trains, les 3 bacs, les 2 ferrys nous ont bercés et il faut l'avouer, bien usés. Nous sommes remplis d'émotions. Après tout ce temps passé avec mon Ami, on peut affirmer qu’ « Il faut avoir longtemps parlé ensemble pour savoir si l’on est du même silence » Frédéric Rossif
100 heures sur la Loire en Canoé – Mai 2023 C’est majestueux, c’est large, c’est long, c’est imprévisible, c’est la Loire ! Quand mon copain Pierrot m’a dit qu’il adorait ce fleuve, il nous est apparu évident qu’il fallait aller plus loin et quitter la berge, alors on a investi dans un beau canoé gonflable et on est parti pour 6 jours de navigation. Nous sommes restés collés à moins d’un métre l’un de l’autre, autant sur le canot que dans notre petite tente de camping. On a campé sur des petites îles, on a mangé sur le feu mais quand il y avait du gros temps, on s’est permis de loger chez l’habitant avec un confort bien mérité. Elle se fait respecter la Loire et ses 4 km/h de courant sont aussi lents que puissants. Quand on pagaie, on glisse à 8/9 km/h et on a vraiment l’impression d’avancer. Les 30km de navigation journalière nous ont permis de relier Blois à Angers. Nous avons alterné entre les grands moments de calme avec d’autres plus tendus, notamment dans les rapides provoqués par les arches des ponts qui permettent de la traverser. Nous avons observé la faune et tous les végétaux qui bordent le fleuve. Les animaux sont nombreux et pas forcément des oiseaux ! Le plus agréable, c’est le temps qui passe plus lentement qu’à terre, on voit au loin le pont, l’île, le gros arbre qui penche, le château qui se rapproche très lentement, et puis on y arrive, on le dépasse et un nouveau point de repère apparait en ligne de mire. C’est à la fois impressionnant de voir les km qui défilent et le paysage qui s’expose pour qu’on ait le temps de l’admirer. Ce qui est étonnant aussi, c’est de débarquer sous le pont d’une grande ville (Tours, Amboise, Saumur…) et de passer de l’ambiance feutrée sur la Loire à la ferveur d’une rue piétonne animée d’un centre-ville ! C’est une sorte de voyage initiatique où la méditation, la réflexion et l’échange en profondeur nous sont offerts tout au long du périple. Une expérience qui demande à être renouveler…
100 heures au-dessus de 4000m au Népal – Octobre 2022 Je ne suis peut-être plus le même ! Déjà les 2 jours à Katmandou, c'est la claque ! Les temples et les monastères bouddhistes inspirent le respect et contrastent avec le tohu-bohu de la ville où tout se mélange. Puis les 5h de pistes en 4x4 pour atteindre un petit aéroport perdu au milieu de nowhere. Là, un avion à hélices de 18 places nous attend pour nous conduire à Lukla. Pour l'atterrissage, ça swingue car la piste est très courte, en pente et face au vide (3300m). Bref, on arrive et on rencontre nos sherpas (porteurs) qui vont nous accompagner durant tout le trek. Les 2 premiers jours nous permettent de monter doucement en altitude. Namché Bazar, porte bien son nom avec sa multitude de gîtes et de magasins de toutes sortes (vêtements, souvenirs...). C'est ensuite que ça se durcit ! Nous montons à Thame (3800m) puis Landen (4400m). L'acclimatation se fait tranquillement. A chaque étape, nous mangeons le dalbath (riz/legumes/sauce) et dormons plus ou moins bien. Nous montons toujours un peu plus pour gagner des globules et on redescend au gîte pour manger auprès du poêle qui chauffe à la bouse de yak. Le 27 octobre 2022, le réveil sonne à 4h pour partir à 5h. Nous sommes à 4800m. Un thé au lait et c'est parti pour une montée harassante de 5h pour gravir les 1100m qui nous mènent au col de Ranjo La. L'altimètre marque 5417m. Ça tape dans les tempes. Le souffle est court et les jambes sont fragiles. L'émotion est à son comble, on s'embrasse, on pleure... Notre guide et les sherpas se joignent à nous pour accrocher les drapeaux népalais qui veilleront sur nous jusqu'à ce qu'ils soient complètement effilochés par le vent (qui souffle fort). Puis on attaque la longue descente face à l'Everest qui se dresse devant nous. Nous arrivons éreintés à Giokio (4800m). Nous restons plusieurs jours autour de 5000m et nous gravissons quelques sommets, notamment le Giokio Ri (5357m), nous sommes à 10km du Tibet (pas de la Chine !). Nous nous installons chez nos amis sherpas pour quelques jours où nous vivons à leur rythme, c'est troublant de remonter dans le temps pour appréhender une vie simple et pastorale. Récolte, cuisine, animaux... Après ces presque 100 heures à plus de 4000m, nous entamons une (très) longue descente vers Luckla où notre avion nous ramène à Katmandou. Quelques jours pour profiter de l'ambiance, se procurer un bol tibétain qui chante en Sol et un bonnet en poil de Yak. L'avion qui nous ramène à l'Ouest (l'état dans lequel nous sommes), fait une halte à Dubaï (hum, hum! comment dire?). C'est impossible de résumer une aventure comme celle que nous venons de vivre avec quelques photos. Je vous en propose 4. Le contraste est total entre ces villageois qui survivent au-dessus de 3500m et notre quotidien, mais ça c'est une autre histoire... Namasté.
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