Les pensées
de la confrérie
Le ruban Jaune
J’imagine la planète comme une grosse bulle bleue
Sur
laquelle se vautre une imposante tarentule
Qui se
pavane et s’étale comme une immonde crapule
Elle là
ceinture et allonge sur la bulle ses tentacules
Chaque
jour, elle descend, elle gagne peu à peu du terrain
Chaque
heure sur un peuple, de plus en plus loin, elle met la main
Elle
réduit, affaiblit et fragilise le Yellow Rube
Le petit
ruban jaune qui relie le Nord au Sud.
Un petit ruban relie le Nord au Sud
Un simple fil où glisse mon amertume
Un trait d’union comme un dernier espoir
Penser que tous les dieux pourront enfin y croire
Reste droit et fier de la négritude
Reste sur ta terre pour faire grandir le Sud
Chante et danse garde ton rythme fort
Le sol garde les traces de tes efforts
Je me
jette dans la bulle
Elle me
guette la tarentule
Je
résiste à la crapule
B’cause I get the yellow rube.
Un petit ruban relie le Nord au Sud
Un fil tendu au dessus des servitudes
Une trace indélébile le poids d’une longue histoire
Enfonce encore un peu l’âme du peuple noir
Un petit ruban jaune relie le Nord au Sud
Simple fil tendu par mes certitudes
Un rayon de lumière sur un morceau de terre
Qui plonge dans l’ombre le reste de la terre… entière.
J’ai
croché sur mon cœur un ruban jaune
Un
appel, un signe pour et contre les fauves
J’ai
senti l’immense main mise qui transforme
Qui
épuise le corps et le sang d’un autre homme
J’ai
croché sur mon cœur un ruban jaune
Pensé
qu’il suffirait qu’un simple geste sauve
Un
peuple à la dérive, un autre hémisphère
Celui
d’une autre rive, pourtant sur cette terre.
Sellig
Serrabsed
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Je rêve
Je rêve
Nuit et
jour sans trêve
Le regard
fixe
L’imagination prolixe
Si loin
que porte ma vision
Je scrute
l’horizon
Toujours
imaginé
Dans
l’espace je t’ai dessiné
Oh ! Ame
sœur
Viens,
j’attends
Ton chemin
sera un tapis de fleurs
Nous
construirons du bonheur
Et tout le
temps
Je saurai
attendre le temps
Brahima
bado
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Mon
présent
Un peu de
bise pour que dansent les pétales
Beaucoup
de ces couleurs pour les yeux de l’enfant
Passionnément d’amour au cœur sentimental
A la folie
du rire à l’éclat de diamant
Pas du
tout de bouquet, pas de vase assez grand
Pour
contenir cette explosion de lumière.
Une bille
de terre et tous ses océans…
Prends-la
c’est mon présent,
Et garde
le ruban qui toujours la protège.
Nimak
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Ecoute
Ecoute ton
fils
Il ne
partira pas du pays
Ecoute,
écoute ton frère
Et nous
éviterons les guerres
Ecoute,
écoute les sages anciens
Tu
entendras ton cœur
Et nous
resserrerons nos liens
Brahima
Bado
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L’explorateur
Je suis un
explorateur d’interstices
Je fouille
dans le moindre recoin le moindre pli
Je m’use
le cœur à côtoyer le vice
Je fais la
liste des polémiques, j’en fais le tri
J’ai
trinqué dans l’huile avec les dockers
J’ai vu
ces hommes démonter les cargos
J’ai vu la
peine ruisseler sur leur cœur
J’ai senti
le souffle, le poids du Nord sur leur dos
J’ai senti
la ligne du partage du monde
J’ai vu
des femmes en âge se tordre pour mettre au monde
Des corps
trop faibles pour tenir dans ce monde
J’ai vu
dans leur regard des signes de honte
J’ai
entendu la situation sur toutes les ondes
L’info
passe, elle se répand, elle nous inonde
Pendant
qu’on reste raide, froid comme une tombe
En bas, ça
casse, ca tombe, c’est l’hécatombe !
J’ai vu
des enfants dans des champs de coton
Ils
riaient, ils chantaient couraient dans les plantations
Ils m’ont
salué, m’ont sourit, m’appellent tonton
Ils m’ont
suivi, m’ont escorté jusqu’à l’avion
Je reviens
avec l’info, pas faux, pas d’intox
C’est pas
un titre en trop dans la rubrik de l’OX!
C’est une
leçon, un coup d’croc pris dans la boxe
C’est
l’image et le texte qui cognent dans l’juke boxe
Je
réveille en moi des vieux démons
Je pointe
du doigt la croix d’Alcantara
Je hurle
mon mépris au delà des monts
Je lutte
et je m’active droit, face au roi
Je
m’expose au milieu des décombres
Je compte
nos morts je les dénombre
Je suis
peu de chose dans les débris
Je suis
soumis à mon propre mépris
Prendre la
balle au bond des Spurs
Tendre la
main sans avoir peur
Je lance
un défi une guerre tribale
Je
commence la danse j’ouvre le bal
Déjà je
regrette mon corps à mal
Quand
j’observe autour de mon étoile
La lumière
se meurt en aurore boréale
La fin du
film, on plie la toile
Je kiffe
le fric de la France Afrique
C’est
fini, c’est mort envoie le générique
Come on England God save the fric
C’est dur
c’est fort c’est du tragique
Je
m’frotte aux cadors qui baissent leur froc
Pour deux
mille dollars gagnés en troc
Ils se
serrent les coudes et ils font bloc
Pour tenir
et mettre leur monde en cloque
Hey ! Moi
J’préfère exploser en plein vol
Plutôt que
mourir à petit feu
Je préfère
que mon âme au ciel s’envole
Qu’elle
s’étire, qu’elle s’éloigne peu à peu
Je peux
t’quitter sans protocole
M’éloigner
n’être qu’une lueur au loin
Qui brille
de nuit comme une luciole
Qui ne
s’éteint qu’avec l’eau du matin
J’suis un
petit rien qu’on vous propose
Je
n’regarde pas mon auréole
Face à la
foi du roi je m’interpose
Je
n’accepterai jamais d’obole
J’ai
encore une lueur une petite loupiote
Un espoir
de sortir Ouaga de l’ombre
Partager
mon pot, ma part d’confiote
Avec des
hommes à la face sombre
Dans vos
pensées, on va vous mettre le souk
Dans vos
soirées, on va bouffer du plouck
J’ai pas
peur d’vos manigances médiocres
Vos
arrangements montés de bric et d’broc
J’admire
cette histoire romanesque
Les
présidents du monde qui font leurs sketches
Je rêve de
scènes moins burlesques
Pour
sortir l’autre planète d’la dèche
J’ai suivi
longtemps la ligne de la frontière
Mais j’ai
perdu la trace dans la poussière
J’ai suivi
le fil des hémisphères
Je n’ai
trouvé que des lignes imaginaires
Sellig
Serrabsed
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Parle–moi
le français
Je te
reprendrai en Nuni
Sam nous
traduira en anglais
Pour
s’adresser au mossi
Par son
visage illuminé
Dans
l’espace je l’ai dessiné
Sur qu’il
parle baoulé
Nous
sommes tous des humains
Habitant
la même planète
Acceptons-nous frères
Car en
nous coule la même sève
Nos
langues sonnent le même refrain
D’un chant
du même parchemin
Brahima
Bado
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Mon sahel
Et tu y
retourneras
Découvre-le
Pour
toujours ton cœur y restera
Mon sahel
C’est le
beau soleil
Dans mon
sahel
C’est le
sourire au réveil
Un rire
sonore sans pareil
Mon sahel
Ce n’est
pas les torrents d’eau
Mais nous
pouvons l’arroser à flot.
Brahima
Bado
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